L'Hymne à la charité III
Posté le 17/09/2020
Fin de la conférence sur l'hymne à la charité
"Mais Paul monte encore plus haut. Ce qui saute tellement aux yeux des gens : si on est charitable jusqu’à l’extrême, ce sera maintenant mis en évidence. Qu’est-ce que c’est ? Si je donne tous mes biens aux pauvres pour leur donner à manger, donc si j’étais pauvre mais pas seulement pour moi, si je donnais finalement tout ce que j’ai jusqu’à ma dernière chemise, et même plus : si je livrais mon corps aux flammes – tous ces actes et ces faits héroïques – si ça ne vient pas de l’amour, ça n’a aucune importance devant Dieu.[1]
Je pense que, si nous comprenons maintenant Paul, si nous voulons grandir, nous édifier à son école, nous devons au moins ramener à la maison ce que nous avons sans cesse mis en évidence ces derniers temps : notre vie conjugale doit être une singulière école supérieure de l’amour mutuel héroïque.
Mais maintenant, Paul va passer encore plus dans la vie pratique ; il est toujours en contact avec sa communauté. Il donne les qualités de l’amour ; ce sont les qualités de l’amour conjugal ;
Ainsi c’est d’abord : l’amour est longanime, l’amour est bon.[2] Pourquoi l’amour est-il longanime, bon ? Quel est le fondement de ces qualités ? Voyez-vous, l’amour authentique est une union des cœurs : moi en toi et toi en moi et nous deux ensemble ; ne suis-je pas bon envers moi-même ? Je me pardonne si facilement ma faute ! Et comme je suis patient avec moi-même ! Oui, si ma femme et moi-même, nous ne faisons qu’un, il est évident que je dois exercer cette patience et cette bonté aussi face aux faiblesses et à la pauvreté de ma femme.
Ils disent : c’est bien joli tout ça, mais pour moi, ce sont des histoires ! Je vous ai déjà donné la réponse. Si notre amour pour Dieu ne grandit pas, notre amour du prochain ne tiendra pas dans la durée. C’est toujours la même chose : mon amour conjugal doit s’enraciner dans l’amour de Dieu.
Continuons. Arrive alors quelque chose de très important : « l’amour ne jalouse pas ». Ce n’est pas la peine que quelqu’un devienne infidèle du jour au lendemain. J’ai confiance dans le bien qui est dans ma femme par exemple, ou, si la femme pense à son mari, dans mon époux.
Plus loin : « L’amour ne se gonfle pas ». C’est comme ça : si j’ai des qualités particulières, celles-ci ne doivent pas tellement peser que mon conjoint se sente inférieur. Non, je dois aussi remarquer le bien qui est dans mon conjoint. Je ne peux donc pas penser seulement que ma femme doit me reconnaître et m’adorer. Non, non, en tant qu’époux, je dois aussi reconnaître la nature de ma femme.
Bien, continuons : « L’amour ne cherche pas son intérêt. » Quel est cet amour ? Non pas l’amour égoïste mais l’amour altruiste. Pourvu que l’autre aille bien ! C’est le principal.
Ensuite : « Il ne s’irrite pas ». Qu’est-ce que ça veut dire « ne pas s’irriter » ? Eh bien, le conjoint m’a fait du tort, il s’est énervé. Nous le savons, ensuite on a la gorge dégagée puisque tout est sorti… mais ça n’aurait pas dû sortir. Bon, ça fait mal sur le moment n’est-ce pas ? Mais je ne dois pas en être amer ; je dois réfléchir : je l’ai moi-même fait souvent à ma femme.
Oui, et ça veut dire : vous ne soupçonnez pas toujours le mal, la mauvaise volonté ; il n’est pas normal qu’il en soit ainsi.
Voyez-vous, Paul connaissait la vie. Il n’est donc simplement monté au septième ciel, mais il est aussi descendu sur la terre.
Maintenant, on continue : « L’amour supporte tout ». En tant que mari, je ne dois pas cependant demander à ma femme de tout supporter ; je suis bien là et tu dois me supporter. Non, ça vaut des deux côtés. Le mari doit bien aussi supporter les changements d’humeur de sa femme. On le dit très bien : le tempérament fluctuant de la femme. Paul sait très bien le dire. Je crois qu’il faudrait que je prenne toujours la défense de nos épouses. Concrètement, c’est comme ça : en tant qu’hommes, nous ne comprenons pas que le corps de la femme est chaque mois complètement effondré. Nous ne comprenons pas et nous prenons tout, la moindre peccadille, au sérieux. Lorsque le temps est passé, le soleil brille à nouveau. Alors la femme veut embrasser toute la souffrance qu’elle a causée à son mari. Ma foi, la vie conjugale est comme ça et pas autrement. C’est ainsi qu’elle doit être.
Il y a encore quelque chose de très important : « L’amour croit tout. » Ça veut dire que l’amour croit dans le bien qui est dans le conjoint. Oui, et précisément aussi lorsque le conjoint montre ses recoins et ses aspérités. C’est comme ça : quand je suis à l’extérieur, dans la société, je suis toujours en habits du dimanche. Les recoins et les aspérités, ils sont restés à la maison. Chez moi, je les laisse un peu aller et venir. Alors montent toutes les choses qui ne se voient absolument pas à l’extérieur.
Il est merveilleux et magnifique de toujours croire dans le bien qui est dans le conjoint Et l’on espère que ça ira.
Je pense que Paul est donc très moderne n’est-ce pas ? Exactement comme s’il vivait aujourd’hui et nous avait rendu visite partout.
Mais il y a encore autre chose : « L’amour supporte tout. » Oui… que ne doit pas supporter l’amour conjugal ! Déjà pensez aux nombreux coups de destin qui nous ont frappés, qui ont frappé la famille – quand on doit les porter ensemble ! Et même des infidélités bilatérales ! L’amour simplement supporte tout.
N’est-ce pas un merveilleux chant d’amour ? Oui, et il y a encore la conclusion et ses dernières réflexions.[1] Quelle est la durée de cet amour ? Aussi longtemps que nous sommes frais et jeunes et beaux ? Ou aussi longtemps que le mari a de la force ? Bien, si cet amour devait durer seulement selon ces critères, il ne vaudrait pas grand-chose. Non, il doit durer toute la vie, oui, et toute l’éternité.
Ensuite Paul revient aux détails et dit : le don des langues, il cessera – plus tard, quand nous serons morts. Ensuite, il n’y aura qu’une seule langue : le langage de l’amour.
Nous ne pouvons donc pas penser : quand nous serons là-haut, on se fichera, on se balancera des autres, tout sera indifférent. Je ne connais plus ma femme. Nous sommes tous attachés au bon Dieu ; à part ça, nous ne nous connaissons plus. Sur la terre nous avons eu assez de temps pour nous casser. Maintenant nous sommes enfin libres l’un de l’autre, nous avons toute l’éternité pour ne plus nous tourmenter mutuellement.
Mais Paul dirait aujourd’hui : l’amour dure toujours, toute l’é-ternité. C’est la plus belle réflexion. Voyez-vous, c’est toujours pareil : l’amour de Dieu est éternel. Et comme l’amour du prochain s’y enracine par essence, nous aimons, donc, le mari, la femme et les enfants, tendrement, pour toute l’éternité. L’amour demeure pour toujours. Je ne sais pas quelles expressions de tendresse nous utiliserons là-haut. Je ne sais pas non plus quelle langue nous parlerons. Mais nous serons tous attachés les uns aux autres. Voilà le principal.
Paul continue sur les détails : le don de prophétie aussi disparaîtra – il n’y aura plus rien de nouveau, le monde aura disparu, nous n’aurons plus besoin du don de prophétie. Mais l’amour demeure. Mari et femme, nous resterons tous les deux ensemble, quoiqu’il en coûte ; nous serons toujours heureux d’être ensemble.
Paul va un peu plus loin et dit : la foi cessera. Nous n’aurons plus besoin de croire. La foi deviendra vision. L’espérance aussi cessera. Nous n’aurons plus de tentations. Donc la télévision ne nous dérangera plus. Et donc aussi les images laides ne nous dérangeront plus. Tout sera en ordre. Nous n’aurons plus de tentations. Il n’y aura plus de souffrance.
Il y aura qu’une seule chose. Qu’est-ce que c’est ? L’amour. Nous nous aimerons mutuellement énormément. Je m’imagine même que nous aurons au ciel quelques « sessions » ensemble. Tous les liens sains demeureront, oui, ils ne seront pas brisés là-haut. Nous ne nous dirons pas en nous voyant : je ne te connais pas ; ah, c’était autrefois ! Non, non, lorsque nous serons au ciel, nous nous connaîtrons encore beaucoup mieux qu’avant.
Donc je pense, tout bien considéré, que nous faisons bien d’as-pirer à la sainteté, de nous efforcer de faire de notre vie conjugale, une haute école d’un amour mutuel héroïque."
[1] Cf. 1 Co 13, 8
[1] Cf. 1 Co 13, 3
[2] Pour tout ce passage, voir 1 Co 13, 4-7