L'alliance d'amour
ou une consécration mariale
avec service après-vente exceptionnel
Qu’est-ce que l’alliance d’amour
ou l’art de se poser les bonnes questions au bon moment (1)
L'alliance d'amour. Avec Marie, notre Mère... Cet acte s'enracine dans l'Écriture Sainte :
L'évangéliste Jean écrit : « Or, près de la croix de Jésus, se tenait sa mère et la sœur de sa mère, Marie, femme de Cléophas et Marie de Magdala. Jésus voyant sa mère et près d'elle le disciple qu'il aimait dit à sa mère : "Femme, voici ton fils" puis il dit au disciple, voici ta mère." Dès cette heure le disciple la prit dans son intimité. Après quoi, sachant que désormais tout était achevé pour que l'Écriture fut accompli, Jésus dit : "J'ai soif".» (Jn 19, 25-28)
Dans la tradition biblique, nous remarquerons d'abord que "Voici ta mère - voici ton fils" est une parole d'alliance. Rappelons-nous Jérémie (30,22) : "Vous serez mon peuple, je serai votre Dieu." Mais rappelons-nous aussi le Cantique des cantiques : "Mon bien-aimé est à moi et moi à lui." (Ct 2, 16) Et ici, cette parole d'alliance est bien une parole d'alliance d'amour.
Et s'il est admis que chaque croyant, que tout disciple de Jésus, peut se considérer comme étant le disciple bien-aimé - Jean n'est pas nommé alors que les femmes le sont - il est facile d'en déduire que notre alliance d'amour a déjà été conclue le Vendredi Saint, peu de temps avant la mort du Bien-aimé.
En continuant la lecture du verset 28, l'évangéliste fait exploser la dimension relative que l'on pourrait être tenté de lui donner : « Sachant que désormais tout était achever pour que l'Écriture fut accomplie, Jésus dit : "j'ai soif".» C'est donc cette alliance qui est son ultime testament qui accomplit toute l'Écriture.
Et ce testament ne nous dit pas d'être de bons apôtres, de bien écouter saint Pierre, mais seulement de prendre Marie dans notre intimité, littéralement comme nous appartenant en propre. Le reste (être de bons apôtres, obéir à saint Pierre) se fera naturellement et infiniment mieux.
L'ultime contemplation de Jean devant le Cœur transpercé du Christ, si importante pour notre diocèse qui a sûrement une mission particulière à cet égard, peut nous livrer, à travers les mots d'une mystique flamande, la fin ecclésiale de notre vie mariale : " Quand son Cœur fut ouvert, il avait déjà préparé la demeure et il ouvrit la porte pour son Épouse. Ainsi, grâce à lui, elle pouvait entrer, et il pouvait la prendre chez lui. Ainsi elle pouvait habiter en lui et lui en elle."
Le Père Kentenich n'a pas fait l'exégèse systématique de l'alliance d'amour avec ce passage biblique, mais il enracine l'alliance d'amour dans l'alliance éternelle de Dieu avec l'humanité.
Il écrit ainsi :
" Quel est le message de Schœnstatt ? Ramener le monde à cette profonde alliance d'amour avec la Mère de Dieu, afin que l'alliance d'amour avec le Père, le Fils et le Saint-Esprit s'approfondisse, s'affermisse et devienne indéfectible. Voilà notre vision profonde. La grande maladie de notre époque, l'absence de sens et de but, sera soignée dans la mesure où nous serons intimement convaincus que le Dieu vivant a conclu une alliance d'amour avec ses créatures. La notion d'alliance est si profondément enracinée dans notre conviction que nous la qualifions sans hésitation comme notre forme et notre direction fondamentale, notre énergie et notre norme de base."
Il insistait toujours sur la réciprocité. Pour lui, l'alliance d'amour était
- une alliance d'amour parfaite et réciproque (1949)
- [... qui crée] une conscience d'être réciproquement donné et reçu (1952)
- un total abandon de soi réciproque, une parfaite dépossession réciproque, un transfert de propriété et une appropriation (1954)
- un échange d'intérêts, de dons et de cœurs (1952)
Se préparer à conclure l'alliance d'amour
ou l'art de se poser les bonnes questions au bon moment (2)
Ce qu'est l'alliance d'amour, c'est écrit ici à la page précédente.
Qui y est appelé, comment le savoir, c'est écrit dans le cœur de chacun...
Comment s'y préparer, voilà donc la troisième étape de cette divine folie.
Car c'est bien de cela qu'il s'agit. Si l'alliance d'amour, c'est se donner corps et âme à Marie et en retour recevoir le don total que Marie nous fait d'elle-même, il en résulte alors ce que le Père Kentenich disait en 1914 : nous devenons des instruments utiles entre ses mains, pour attirer à elle les jeunes cœurs (c'est clair, c'est plus difficile pour les cœurs sclérosés, quoique pas impossible), alors nous entrons dans la folie de l'obéissance en renonçant concrètement et totalement à notre volonté propre. Et sur ce chemin, il en est un qui nous a précédé : le Christ, lui qui s'est fait obéissant jusqu'à la mort et la mort de la Croix. Rien de nouveau en soi, sauf que c'est en Marie et Marie est toute mère, et c'est très doux. Comme dit Grignon de Montfort : Marie met de la confiture sur les croix.
La préparation consiste à reconnaître en premier lieu l'appel de la Vierge qui généralement a déjà fait le premier pas. Et si le désir monte au cœur de faire l'alliance d'amour avec elle, c'est qu'elle attend la réponse.
Ensuite, s'étant assis pour calculer la dépense, c'est-à-dire étant près à tout donner, il est nécessaire de faire un acte de confiance et d'abandon car il est évident que cela nous dépasse.
Enfin, dans la prière, le "candidat" cherchera ce qu'il veut mettre dans le panier, dans la dote, comment veut-il exprimer ce don, comment veut-il le décliner. Le Père Edwin propose un schéma (à prendre avec souplesse).
- Pardon
- Merci
- Je t'offre
- Je te demande (ne pas hésiter à placer la barre très haut !)
Il est important d'avoir fait avant "l'expérience du sanctuaire", ce foyer que la Mère de Dieu nous donne, où elle se donne, où elle répand ses grâces.
Ensuite il est bon d'être convaincu que l'alliance d'amour n'est pas un point d'arrivée, une récompense promise pour les bons élèves, mais un point de départ. L'alliance d'amour connaîtra des étapes qui seront décrites à la page suivante.
Maintenant une autre question pourrait surgir : pourquoi faire l'alliance d'amour ?
Parce que le monde a urgemment besoin de cette armée mariale, de cette armée de saints, de cette armée de tout-petits, pour vaincre l'Adversaire et faire advenir le Règne de Dieu et que l'alliance d'amour avec la MTA dans son sanctuaire a montré la puissance de sa fécondité.
La croissance de l'alliance d'amour
ou comment l'on devient une "petite Marie"
« Ils ont dit oui ! »... Et maintenant ...
La relation d'amour va s'approfondir. Tout notre être doit être entrainé dans l'alliance, s'y impliquer. Toute relation réclame un dialogue. Celui se fera dans la prière qui s'approfondira, se simplifiera jusqu'à ce que ce dialogue devienne davantage un état qu'une étape dans la journée.
Il y aura des paliers à franchir, plus ou moins coûteux. des oui faciles et des oui difficiles, mais au final de plus en plus faciles ou, en tout cas, plus simples.
Le Père Kentenich a souvent fait remarquer que l'alliance d'amour doit faire ses preuves dans la prière, mais l'amour doit aussi être prouvé par des petits cadeaux, ces fameux "petits sacrifices" chers à la petite Thérèse. Ils concernent les efforts du quotidien et l'auto-éducation, mais cela peut être tout aussi bien un ennui assumé avec amour. Et amour pas nécessairement senti.
Le "blanc-seing" est une étape importante dans la croissance de l'alliance. La relation est assez forte, enracinée "pour que chacun puisse poser sur l'autre un regard totalement positif et sûr de la réciproque" (H .King) Marie peut alors investir la somme qu'elle veut, je dis oui aveuglément. C'est un chèque en blanc, une page blanche que je signe en bas, sans souci de ce que Marie y écrira. Cet acte est à renouveler régulièrement à cause de notre inconstance native. Et cela entretient en même temps la relation. Dans l'histoire, Schœnstatt est arrivé à cette étape en 1939 (cf Deuxième Document de fondation). Cela ne veut pas dire que ce temps est nécessaire entre les deux ! Simplement, pour la Famille dans son ensemble il en fut ainsi historiquement. Pour nous, la route est tracée, nous savons que, si nous le voulons, Marie nous offrira de franchir ce pas.
Le troisième degré est "l'Inscriptio", bien qu'en rigeur de terme, le Père Kentenich ait toujours dit que le blanc-seing était le sommet. Il explique :"À mon sens, la plus haute sainteté est dans le don total de soi à la volonté de Dieu. Lorsque nous regardons l’homme dans sa réalité, avouons qu’il a en lui une prédisposition négative envers la souffrance et la croix. Voilà le plus grand obstacle pour dire OUI à ce que Dieu veut. Parce que la nature avance au niveau du subconscient et que la vie subconsciente de l’âme aveugle trop l’intelligence, soyons sincères : mon sentiment me porte à dire NON à la souffrance. Pour enlever cet obstacle qui empêche de dire oui à la volonté de Dieu, nous devons nous attacher à ce que la prédisposition négative devienne positive. Cela ne va pas sans une grande grâce. Je peux bien me préparer un peu à cette conversion intérieure par un exercice, mais finalement le Saint-Esprit doit me l’offrir en présent.
Que faites-vous par l’Inscriptio ? La prédisposition négative se retourne en prédisposition positive. Lorsque je tire, je dois tout d’abord viser plus haut. Le but réel de la sainteté est d’être livré à Dieu. L’Inscriptio est le retranchement du grand obstacle au blanc-seing. Je dis : Mon Dieu, si cela te fait plaisir, non seulement je dis oui, mais je le demande aussi sincèrement que je peux. Si je sais que le Bon Dieu veut que je meure en camp de concentration, je demande : fais-moi mourir. L’Inscriptio est simplement un moyen psychologique pour ôter les obstacles. Ce n’est pas la souffrance à tout prix. Mais un tel acte ne peut être fait que par celui qui a une notion exacte du Père, qui sait que Dieu est Père, que Dieu est bon ! Il peut nous être plus difficile de nous donner à n’importe quoi que de renoncer à nous-mêmes".
On pourrait donc dire que l'Inscriptio est cette confiance aveugle de la fine pointe de l'âme qui va nous aider à dire oui en faisant sauter le verrou psychologique de la peur de souffrir.
Tout ceci n'est-il pas être tout simplement le disciple bien-aimé de Jésus ?
Pour aller plus loin : Les grandes intuitions de Schœnstatt et de son fondateur, en particulier le livre du Père King : Vivre en alliance